Loi immigration et langue française
- Nathalie Bonhomme

- il y a 4 jours
- 3 min de lecture

Janvier 2026, date tant redoutée par beaucoup de nos apprenants, celle où beaucoup de nouvelles exigences contenues dans la loi immigration, promulguée le 24 janvier 2024, entrent en vigueur.
Je parle bien sûr des exigences requises quant à la connaissance de la langue française pour tous ceux et toutes celles qui espèrent pouvoir rester sur le sol français.
Il faudra, en effet, dès janvier 2026, et afin d'obtenir un titre de séjour, une carte de résident ou la naturalisation française, prouver que l'on maîtrise la langue française aux nouveaux niveaux requis par la loi immigration. Rassurez-vous, les niveaux sont graduels mais ils représentent pourtant une marche qui semble impossible à franchir pour de nombreux étrangers souhaitant poursuivre leur vie en France.
J'utilise l'expression "poursuivre leur vie" à dessein car je parle de ceux qui sont entrés sur le sol français légalement et il y a bien longtemps.
Alors pourquoi cette date est-elle tant redoutée ? Les étrangers concernés ont largement eu le temps de parfaire leur français et ne devraient pas être gênés dans leurs démarches vers un titre officiel.
LE titre officiel, celui qui leur donnera enfin la paix et la sécurité auxquelles ils aspirent tant.
Sur le papier, c'est vrai. La réalité, et je m'en rends compte chaque jour un peu plus, est pourtant bien plus compliquée.
Je rencontre tous les jours des étrangers qui sont en France depuis de nombreuses années et qui, pour la plupart, ont un travail, sont intégrés dans la société, ont une famille, des enfants et qui tremblent devant cette nouvelle réglementation. J'ai déjà une pensée pour tous ceux qui luttent depuis des années pour obtenir le renouvellement de leur titre de séjour, allant de récépissé en récépissé de courtes périodes et perdant leur travail ponctuellement et la rémunération tant attendue pour vivre. Comprenez, il faut prendre en considération les retards de traitement des dossiers à cause des sous-effectifs, les dossiers perdus ou incomplets et les délais nécessaires à la bonne vérification des informations.
On n'y pense pas quand on est français mais c'est une souffrance et un stress chronique pour de nombreux étrangers aimant la France et y vivant paisiblement depuis bien longtemps.
Mais je pense également à tous ceux qui souhaitent obtenir la naturalisation française et qui, avec cette nouvelle loi, vont devoir présenter un niveau B2, tant à l'oral qu'à l'écrit. Et c'est là où le bât blesse. Beaucoup d'entre eux ont appris le français "sur le tas" comme on dit et se retrouvent aujourd'hui dans une grande difficulté face aux nouveaux niveaux des certifications requis.
Que l'on me comprenne bien. Je trouve parfaitement normal que l'on demande aux personnes étrangères venant en France d'avoir un niveau suffisant en français pour travailler, développer des relations sociales et mener une vie épanouie. Je suis une fervente partisane de l'intégration en France par l'apprentissage du français et c'est la raison d'être de Langues Communication Interactive depuis 2007. Mais n'aurait-on pas pu garder le niveau B1 pour les personnes demeurant sur notre sol depuis de nombreuses années ? Je suis ouverte au débat.
Alors oui, bien sûr, depuis que cette loi est promulguée, beaucoup auraient pu mettre à profit le laps de temps restant avant l'application de la loi et travailler à leur apprentissage en français, à l'oral comme à l'écrit. Beaucoup se sont d'ailleurs engagés dans ce sens. Ne jetons cependant pas la pierre trop vite aux autres. Se former coûte cher, et cela prend du temps. Il ne faut pas minimiser les facteurs humains, les capacités cognitives, le stress, et le manque de confiance en soi. Apprendre une langue pour être "fluent" à l'oral comme à l'écrit est un investissement qui peut parfois prendre la forme d'un luxe semblant inabordable ou inatteignable.
Pour autant, tout n'est pas perdu. Apprendre une langue dans sa complexité et la maîtriser n'est pas hors de portée et il suffit parfois d'un petit déclic pour que l'apprentissage devienne plaisir et mène à la réussite. Des solutions existent et nous sommes plus que jamais engagés pour accompagner chaque apprenant au niveau qu'il souhaite atteindre.



Ton analyse est pertinente
Je trouve le niveau d’exigence trop important et académique
Je mesure les conséquences délétères sur les personnes concernées
J’admire leur courage
Je félicite tous les bénévoles qui sont de façon assidue à leur côté
Nous devons bien cela à ces personnes étrangères qui sont sont sur notre territoire